Lorsque nous cherchons un professionnel, nous avons envie d’être garantie de ses compétences, savoir-faire et savoir-être, ainsi que de son éthique dans l’accompagnement.
Il existe en France des dispositifs qui peuvent nous permettre de garantir la qualité et la performance d’un service professionnel.
Un peu de définitions
Dans le domaine de la qualité, il importe de faire des différences entre ce qu’est une réglementation, une norme, une certification et un label.
Une réglementation est imposée par la loi, alors qu’une norme définit les bonnes pratiques. Il existe deux types de normes :
- Celles qui sont réglementaires, issues de la réglementation, auxquelles il est obligatoire de se conformer. Une norme d’application obligatoire est gratuite.
- Celles qui sont volontaires, instaurées par des professionnels d’un même secteur qui s’accordent pour définir des critères communs sur des produits ou services. Ce processus mobilise plusieurs acteurs du marché dans sa création, est élaborée de manière consensuelle et est validée pour être homologuée et appliquée.
Une norme volontaire est un document payant protégé par copyright (AFNOR – Association Française de Normalisation). Ce document décrit les prestations proposées et établit les critères qui permettent d’en assurer la qualité. Lorsque une norme volontaire existe dans un secteur professionnel, chacun peut choisir de s’y référer ou non. Pour autant, ce peut être un vrai plus par rapport aux consommateurs, pour les rassurer, parce qu’elle agit comme un cadre de référence, des lignes directrices, par rapport au service proposé.
L’évaluation de la conformité à une norme volontaire peut se faire selon trois modalités :
- L’évaluation « première partie » est réalisée par la personne ou l’organisation qui fournit le service ou la prestation, sous sa seule responsabilité. Il s’engage sur la qualité de sa production, de ses prestations ou de son organisation, à partir du référentiel de la norme. Un rapport d’audit interne est rédigé comme preuve de la conformité. Il peut être pris en charge par le responsable de l’assurance qualité au sein de l’entreprise par exemple.
- L’évaluation « deuxième partie » est réalisée par une personne ou une organisation qui a un intérêt direct dans l’utilisation du service, autrement dit, le client. Une attestation de conformité peut être délivrée par le service qualité de consommateurs, après avoir réalisé un audit chez le prestataire.
- L’évaluation « tierce partie » est réalisée par une personne ou un organisme indépendant du prestataire et des intérêts de l’utilisateur. Cette conformité est attestée par un organisme tiers compétent à partir du moment où la norme existe, lequel se charge de vérifier que le produit ou service répond aux exigences de la norme. Ces organismes tiers doivent être accréditée pour effectuer ces certifications. Ils se doivent d’être indépendant et impartial, comme par exemple des organismes de certification comme Afnor Certification, Marque NF, etc…
Cette dernière modalité d’évaluation « tierce partie » est en relation avec une certification qualité de la prestation de service délivrée. Cela reste une démarche volontaire pour faire reconnaître par une tierce personne la qualité du service proposé et ainsi promouvoir son activité par la matérialisation d’un logo. La certification qualité est en général donnée pour trois ans, après un audit basé sur le référentiel de la norme. Elle assure d’un suivi avec contrôle annuel pendant toute la durée de la certification. Il y a des frais de certification à prévoir en plus de l’achat de la norme elle-même, variables en fonction de la taille de la structure et du nombre de salariés.
Quant au label, il garantit la qualité dans un domaine spécifique d’un produit ou d’un service, là où la certification englobe l’ensemble d’une prestation de service. Il se matérialise par la présence d’un logo. C’est un symbole qui renvoie à des valeurs. Le label permet de répondre à un cahier des charges préétabli. En principe, toute entreprise peut créer son propre label qualité. Mais il peut aussi est délivré par des organismes indépendants au sein d’un même secteur, comme le Label Rouge dans l’agro-alimentaire par exemple.
Référence : FAQ Découvrir les normes AFNOR GROUPE – afnor.org
Qu’en est-il pour les Sophrologues ?
Une des premières garanties offertes à son futur public est en relation avec la formation que le Sophrologue a suivi. Les compétences principales acquises à l’issue des formations sont en lien avec l’animation de séances de sophrologie, l’analyse d’une demande et la conception d’un programme en sophrologie, ainsi que la gestion et le développement de son activité libérale, bases de l’activité de sophrologue. Même s’il y a des bases communes d’apprentissage produisant les compétences principales précitées, il y a toutefois certaines différences de contenu selon les écoles. Tous les sophrologues n’apprennent pas, par exemple, à construire des textes ou à mener des Sophro-Etudes des Phénomènes ou Sophro-Analyses Vivantielles pour exploiter les effets des techniques guidées.
La plupart des écoles en sophrologie assurent d’une qualité de formation et de suivi des professionnels qu’elles forment grâce à la certification qualité Qualiopi. La certification Qualiopi est octroyée pour trois ans, après un audit initial, avec un audit intermédiaire pour vérifier la conformité toujours présente au référentiel initial.
Il n’existe pas de réglementation pour l’activité de Sophrologue, donc pas d’obligation d’avoir un diplôme d’état pour exercer en tant que professionnel. Par contre, il existe à ce jour un titre à finalité professionnelle de Sophrologue, inscrit au RNCP – Répertoire Nationale des Certifications Professionnelles. Ce titre permet de confirmer la bonne acquisition de compétences et de connaissances pour l’exercice d’un métier spécifique.
Cette certification reste une démarche volontaire, la demande pouvant être faite dans les centres de formation qui la délivrent. Elle peut être acquise après une formation complète de Sophrologue, ou par validation de blocs de compétences qui constituent le référentiel de compétences, ou encore par VAE – Validation des Acquis de l’Expérience.
Depuis Août 2021, il existe une norme française – NF S 99-805 – Sophrologie – Qualité de service du sophrologue. Elle a été homologuée par le Directeur Général d’AFNOR en juillet 2021. Elle précise les exigences et recommandations des accompagnements individuels et collectifs, installations, équipements, formation, cadre déontologique en relation avec l’exercice de la sophrologie.
C’est une norme volontaire. Le prix d’achat du document de la norme au format numérique (pdf) est de 56,64 HT euros, soit 67,97 euros TTC (au 4 décembre 2022) pour un utilisateur. Le document n’est pas diffusable. Chaque sophrologue souhaitant connaître ce référentiel doit investir financièrement.
Comme cette norme est assez récente, nous manquons à ce jour de recul pour savoir le nombre de Sophrologues qui adhèreront à cette norme pour promouvoir leur activité, et combien entameront une certification NF par une évaluation « tierce partie ». A suivre !
Bonjour Patricia et merci pour cet article qui répond à de nombreuses questions que se posent les sophrologues avec l’apparition de cette norme.
Cependant, deux points m’interrogent tout particulièrement :
1) pour moi, le RNCP ne permet en rien de confirmer la bonne acquisition des compétences et connaissances. En effet, le RNCP est délivré à l’école qui en fait la demande, pour une formation donnée, sur la base d’un dossier administratif et pour 3 ans. A aucun moment dans ce processus l’aspect pédagogique n’est évalué, ni du côté école, ni du côté élève. Rien ne garanti jamais le respect du référentiel soumis ni la façon dont il est transmis. De plus, l’évaluation finale est réalisée par l’école elle-même. elle est donc juge et partie.
2) comme vous l’expliquez parfaitement, cette norme en est à ses débuts et le processus de normalisation reste flou. Si ce n’est qu’une démarche « première partie », quelle en est l’intérêt ? Chacun peut acheter la norme et se dire qualifié ? Quelle est la plus value pour le client ? Pour moi, elle n’aura de véritable valeur que si elle devient tierce partie et dépend d’un organisme indépendant.
Encore merci pour ce travail de présentation clair.
Bonjour Sabine, Merci pour votre retour.
Pour répondre à vos questions :
1) C’est la définition même de la certification inscrite au RNCP de confirmer l’acquisition de compétences et connaissances en tant que certification. Cette confirmation est réalisée par un centre certificateur (contrôleur) qui peut avoir la même entité juridique ou pas que le centre préparateur (centre de formation), sous l’obédience de France Compétences auquel le centre certificateur doit rendre des comptes. Le centre certificateur peut déléguer les processus de validation à des centres préparateurs, qui eux, doivent exactement suivre le référentiel de compétences et les procédures de validations définies par le centre certificateur.
Chaque centre de formation par définition doit valider des compétences et connaissances à la fin de ses formations. Pour autant, en démarche volontaire, un professionnel peut choisir ou pas d’adhérer à une certification en lien avec le RNCP pour obtenir une confirmation supplémentaire de ses compétences et pourrait le proposer comme une plus-value dans son activité professionnelle.
Par contre, il s’agit de bien différencier le parcours pédagogique incluant les objectifs pédagogiques, les moyens et méthodes utilisés pour développer des compétences et connaissances et la vérification de l’acquisition de ces compétences. La certification d’un titre inscrit au RNCP ne s’occupe que de la vérification de l’acquisition des compétences, à partir d’un référentiel élaboré par chaque centre certificateur et présenté dans le dossier « administratif » à France Compétences et pas du parcours pédagogique pour obtenir ces compétences. Cela répond à la question : ce professionnel a-t-il aujourd’hui les connaissances et les compétences pour exercer son métier ou son activité, mais pas à la question : comment a-t-il fait pour acquérir ces connaissances et compétences.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, pour le métier de Sophrologue, il y a plusieurs titres qui portent le même nom et pourtant, sous chacun de ces titres, il y a des parcours pédagogiques différents en durée et aussi en contenu, même si les objectifs pédagogiques sont sensiblement les mêmes.
Le dossier « administratif » présenté à France Compétences par le centre certificateur ne contient pas que cela. Il doit contenir aussi tous les processus de vérification et de validation des compétences censées être acquise (type d’examens de validation eux-mêmes, indicateurs détaillés pour chaque validation qui feront dire que les savoir, savoir-faire ou savoir-être sont acquis , la composition des jurys, ….), soit à l’issue d’une formation complète, soit à l’issue de tous les blocs de compétences nécessaires à l’exercice du métier.
Dans le dossier présenté à France Compétences, le centre certificateur doit aussi joindre un recueil d’informations sur les activités des professionnels ayant validé le titre en question inscrit au répertoire : leur % d’activité dans le métier et leur chiffre d’affaires à 6 mois et à 1 an, puis à 3 ans. Si ces chiffres ne correspondent pas à un métier à part entière et qui permet d’en vivre, ce qui est la demande actuelle pour qu’un titre reste inscrit sur le RNCP, France Compétences refusera le dossier et la possibilité pour le centre certificateur de valider/certifier à nouveau des compétences dans le métier choisi.
2) L’achat de la norme n’est effectivement pas suffisante à elle seule pour se dire qualifié. L’évaluation de la conformité est nécessaire à la norme en cas de contrôle. Pour les entreprises qui sont dans une dynamique d’assurance qualité, dans le cadre d’une démarche « première partie », cela veut dire qu’à partir de la norme publiée, il faudrait créer un référentiel et le compléter objectivement, afin de pouvoir démontrer, preuves à l’appui, que son service répond bien à cette norme.
Pour le client, cela pourrait lui apporter de la sécurité, un sentiment de fiabilité et de qualité du prestataire.
L’intérêt d’une démarche « première partie » est probablement en relation avec l’aspect financier. Se faire certifier par une tierce partie coûte de l’argent, au-delà de l’achat de la norme, qui en général, n’a pas un coût financier excessif. La certification par tiers doit être renouvelée tous les 3 ans, parfois tous les 2 ans selon les propositions des organismes certificateurs. Le coût du renouvellement pourrait aller de 400 euros à 2500 euros en fonction de la taille de son entreprise, voir être aussi un % en fonction de son chiffre d’affaires.
La valeur ajoutée de la certification de la conformité à la norme par un tiers sera certainement un plus, surtout si les organismes certificateurs sont indépendants. Nous allons certainement voir, dans les mois à venir, comment les différents acteurs dans le domaine de la sophrologie vont s’emparer de ce sujet et ce qu’ils vont proposer aux sophrologues qui souhaiteraient, dans une démarche volontaire, adhérer à cette norme et en être certifié. Et surtout, comment les sophrologues vont réagir et répondre à ces propositions.
Merci pour vos questions éclairantes.